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Sources d’humidité dans une maison

Source: Conseil national de recherches Canada, Richard L. Quirouette

Introduction

Lorsqu’il y a une production élevée d’humidité dans une maison, il faut aussi qu’il y ait des moyens de l’évacuer. Normalement, la vapeur d’eau est chassée grâce au renouvellement de l’air effectué par les fuites naturelles au travers de l’enveloppe ou par ventilation mécanique. L’air peut aussi être déshumidifié, mais les déshumidificateurs domestiques sont peu efficaces en hiver. Beaucoup de problèmes actuels d’humidité et de condensation dans les maisons peuvent être réglés assez bien par la limitation des sources de vapeur d’eau plutôt que par l’emploi d’un déshumidificateur ou l’augmentation du taux de renouvellement d’air.

Equilibre de l’humitité

Pour illustrer en quoi consiste l’apport d’eau dans une enceinte, prenons un exemple. Considérons la quantité d’eau présente dans l’air d’une maison type de deux étages, comme une des maisons expérimentales de la recherche sur l’énergie Mark XI à Orléans (Ontario).1 Cette maison a un volume intérieur brut de 460 m3. Si l’air de la maison est maintenu à une humidité relative de 30 p. cent, la quantité d’eau contenue dans l’air est alors de 2,6 kilogrammes, soit environ 2,6 litres. L’air saturé, à 100 p. cent d’humidité relative, contiendrait 8,7 litres d’eau. Ceci pourrait faire croire que le niveau d’humidité intérieur est un bon indicateur de la quantité d’eau introduite; ce n’est malheureusement pas le cas. Les conditions intérieures d’une maison sont rarement statiques, c’est-à-dire qu’il y a presque toujours une certaine quantité d’eau qui s’ajoute à l’air des pièces et une certaine quantité qui est évacuée par ventilation ou par fuite d’air.

De plus, une humidité constante peut être maintenue, que l’apport d’eau soit faible ou élevé. La figure 1 montre deux récipients contenant de l’eau. Imaginons que ces récipients représentent l’espace intérieur de deux maisons de même volume, le niveau d’eau correspondant au pourcentage de vapeur présente dans l’air de chacune de ces maisons.

Figure 1

Le premier récipient A est rempli à 30 p. cent de sa capacité, ce qui renvoie à la maison qui contient une quantité fixe de vapeur d’eau, égale à son humidité relative. Le récipient B est aussi rempli à 30 p. cent de sa capacité. Pourvu que la quantité d’eau qui pénètre par le haut soit égale à la quantité qui sort par le bas, le niveau d’eau reste constant quel que soit le débit d’admission et de sortie. C’est ce qu’on appelle l’équilibre de l’humidité : si le degré d’humidité de la maison reste constant, le taux d’entrée et d’évacuation de vapeur d’eau sont égaux.

Humidité et ventilation

Supposons que nous voulons déterminer le débit de ventilation nécessaire pour maintenir l’humidité à 30 p. cent dans la maison en hiver. La relation entre l’apport d’eau et la ventilation globale peut être illustrée par un simple graphique (figure 2). Ce graphique montre la relation entre l’apport d’eau en litres par jour et le débit de fuite ou de renouvellement d’air en litres par seconde, ainsi que l’humidité intérieure résultante pour des conditions extérieures données. Les conditions extérieures doivent être connues parce que l’air fournit aussi de la vapeur d’eau à la maison.

Figure 2 Bilan d’humidité à l’intérieur (air extérieur : -18°C/100 % HR)

Supposons que la quantité d’eau fournie à la maison est de 7,4 litres par jour; il faut faire pénétrer par seconde 16 litres d’air extérieur à -18 ° C pour maintenir une humidité relative de 30 p. cent. Mais si 18 litres d’eau sont introduits par jour, le débit de renouvellement d’air doit être alors de 39 litres par seconde pour maintenir une humidité relative intérieure de 30 p. cent.

Donc, le niveau d’humidité intérieur d’une maison dépend des sources d’humidité, de la ventilation et de leurs débits à tous deux. Ceci veut dire qu’on ne peut déterminer le débit de ventilation nécessaire à une maison sans connaître l’apport global d’eau.

Puisque la ventilation est traitée dans l’un des articles qui suivent, nous nous contenterons d’analyser les différentes sources d’humidité à surveiller en vue de limiter le niveau d’humidité des maisons.

Sources d’humidité

Il peut y avoir de nombreuses sources d’humidité qui fournissent de la vapeur d’eau à la maison, notamment les humidificateurs, les occupants et leurs activités, les matériaux de construction, les sous-sols et les vides sanitaires, le stockage saisonnier et l’infiltration de pluie. Chacune de ces sources est indépendante, c’est-à-dire, par exemple, que la vapeur d’eau fournie par les occupants n’a aucun lien avec l’humidité dégagée par le sous-sol. Toutes ces sources ont cependant un effet direct sur l’équilibre hygrométrique de la maison.

Humidificateurs

Il existe de nombreux types d’humidificateurs domestiques.2 On peut les classer en deux catégories : humidificateurs pour installation centrale et humidificateurs sans conduits ou «portatifs». Les humidificateurs employés dans les installations de chauffage central à air sont ceux du type à bac, modèle le plus courant pour les générateurs d’air chaud à mazout, à gaz et électriques; ceux du type à plaque spongieuse; et les humidificateurs pulvérisateurs, qui sont rarement utilisés.

Les humidificateurs autonomes ou portatifs peuvent faire appel à un des moyens d’évaporation décrits précédemment, mais ceux qui combinent une plaque spongieuse et un ventilateur sont assez populaires. Le débit d’eau vaporisée par les humidificateurs varie selon le modèle et le fabricant, l’emplacement, la température et l’humidité à l’intérieur de la maison, ainsi que les mouvements d’air dans la pièce. Toutefois, quels que soient le type et la puissance de l’appareil, celui-ci doit être arrêté s’il règne une humidité trop élevée dans la maison.

Données d’occupation

On croit généralement que les occupants et leurs activités sont la cause principale d’une humidité excessive et donc de multiples problèmes de condensation. Cette croyance est fondée dans certains cas, mais une grande étude entreprise récemment par la Société canadienne d’hypothèques et de logement semble indiquer que c’est là l’exception plutôt que la règle.3

Une autre étude réalisée il y a quelques années a analysé l’occupation des logements afin de déterminer l’humidité fournie par les occupants et par leurs différentes activités.4 L’étude, qui portait sur les activités d’une famille de quatre personnes, a révélé que même si les activités varient, la quantité de vapeur d’eau produite par les fonctions métaboliques des occupants comme la respiration et la transpiration correspond en moyenne à environ 0,2 litre d’eau par heure, soit 5 litres par jour ou 1,25 litres par personne et par jour.

Figure 3

La production d’humidité par des activités telles que le bain, la douche, la cuisson, la lessive, le séchage du linge et le lavage des planchers a aussi été observée (figure 3). Ces activités combinées ajoutent en moyenne 2,4 litres d’eau par jour aux 5 litres produits par les occupants.

Il existe quatre autres sources d’humidité propres au style de vie contemporain qui méritent d’être mentionnées : les appareils à gaz non ventilés, les jardins intérieurs, les installations de bain tourbillon, sauna et cuve thermale, et l’utilisation de bois de chauffage.

Appareils à gaz

L’étude mentionnée précédemment a signalé que les appareils à gaz non ventilés fournissent de l’humidité. On a découvert, par exemple, qu’un réfrigérateur à gaz contribue 1,3 litres d’eau par jour. Une chaufferette au titres kérosène entraîne également un dégagement appréciable de vapeur d’eau, dont l’importance varie selon la consommation de combustible. La quantité d’eau fournie par une chaufferette au kérosène est légèrement supérieure à un litre par kilogramme de combustible consommé. Des apports semblables peuvent être admis pour les appareils fonctionnant au gaz naturel et au propane.

Plantes d’appartement

L’arrosage des plantes et l’émission de vapeur d’eau qui en résulte ont également été mesurés. Il a été constaté qu’une plante de grosseur moyenne fournit, en général, environ 0,5 litre d’eau par semaine. Si la maison comporte une serre de 25 à 30 plantes, l’apport d’eau est d’environ 2 litres par jour.

Bains tourbillons, saunas, cuves thermales

Une nouvelle mode dans les maisons neuves ou anciennes consiste à installer des appareils de détente tels que bains tourbillons, saunas et cuves thermales. Tous ces appareils introduisent de l’humidité dans la maison. Les cuves thermales, en particulier, devraient être recouvertes lorsqu’elles ne sont pas utilisées.

Bois de chauffage

L’ère de l’économie d’énergie a remis à la mode le poêle à bois. Une corde de bois tendre laissée à sécher dans un sous-sol dégage 130 litres d’eau lorsque sa teneur en eau diminue de 10 p. cent. Une corde de bois franc, qui est environ deux fois plus lourde, produit plus de 250 litres d’eau. Étant donné qu’une maison moyenne consomme environ trois cordes, ou neuf cordes minces par hiver, l’apport d’eau peut atteindre presque 800 litres. Si la saison de chauffe dure six mois, on suppose que le bois de chauffage dégage environ 5 litres d’eau par jour.

Le paradoxe

Lorsqu’on examine l’apport global d’humidité d’une famille de quatre et de leurs activités, il est intéressant de noter que peu de sources fournissent autant d’eau que les occupants. Si toutes les activités productrices d’humidité, y compris le séchage du linge à l’intérieur, le lavage des planchers, la cuisson et le séchage du bois de chauffage, étaient entreprises le même jour, entre 18 et 20 litres d’eau seraient dégagés cette journée-là.

Figure 4 Bilan d’humidité à l’intérieur (Air extérieur : -18°C/100 % HR)

Si on met en équation un apport d’eau supérieur à la normale et un débit de ventilation moyen (figure 4), on note un écart important. C’est-à-dire que cela ne nous donne pas une maison très humide.

Ceci peut être dû à l’un ou l’autre des facteurs suivants : le débit de ventilation naturelle de la maison est considérablement inférieur à la moyenne, autrement dit, c’est une maison étanche à l’air; ou alors les occupants ne contribuent qu’une partie de l’apport d’eau global, et il y a d’autres sources à considérer. Les observations récentes montrent déjà que ces deux facteurs se combinent. Toutefois, étant donné que l’étanchéité à l’air et les faibles taux de renouvellement d’air sont analysée dans les articles qui suivent, nous nous concentrerons ici sur les nombreuses sources d’humidité «dissimulées» qui influencent les conditions intérieures de toute maison.

Sources d’humidité

La maison traditionnelle est construite de bois, qui est généralement humide, de béton, dont la mise en oeuvre exige une quantité d’eau importante, et de nombreux autres matériaux tels que le revêtement intermédiaire, l’isolant, le pare-vent, le pare-vapeur et le bardage. Le béton et le bois peuvent dégager une quantité importante de vapeur d’eau une fois la construction terminée.

Bois de chauffage

Reprenons l’exemple de la maison de deux étages du projet Mark XI. On a calculé que la masse totale du bois utilisé pour construire les cloisons et les solives de plancher des deux étages était d’environ 2 100 kilogrammes. Si ce bois a une teneur en eau de 19 p. cent à la construction (ce qui n’est pas rare) et s’il est séché jusqu’à ce que cette teneur en eau diminue a 9 p. cent, il laisse échapper 200 litres d’eau. Cette humidité s’ajoute dans la maison à celle fournie par toutes les autres sources.

Fondations en béton

La plupart des maisons neuves sont construites sur des fondations de béton. En supposant que les fondations de la maison type ont environ 2,5 m de hauteur, 0,25 m d’épaisseur et 35 m de pourtour, elles contiennent 22 m3 de béton. La dalle du sous-sol en contient environ 4 m 3, ce qui fait un total de 26 m 3. En général, le béton contient 210 litres d’eau ou plus par mètre cube lors du mélange, mais après évaporation, il finit par conserver un peu moins de 120 litres. Le béton de la maison dégage donc 2 340 litres d’eau pendant sa cure. Cette eau est dégagée au cours des deux premières années d’occupation, surtout durant la première.

Pendant le séchage, le bois et le béton peuvent fournir de 2 000 à 3 000 litres d’eau à l’air intérieur, dépendant des dimensions du bâtiment, de la teneur en eau du bois de l’ossature et de la surface de béton apparente. Si on suppose une période de séchage de dix-huit mois, cela représente entre 4 et 5 litres d’eau par jour, contribution importante par rapport à celle des occupants et de leurs activités. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux problèmes d’humidité et de condensation surviennent au cours des deux premières années d’occupation.

Stockage saisonnier d’humitité

Un autre phénomène peut aussi augmenter l’apport d’humidité pendant la saison de condensation. Il s’agit de l’absorption et du dégagement cycliques d’eau par les meubles et certains matériaux de construction à l’intérieur de la maison. Étant donné que la plupart des maisons sont ventilées en été, l’air chaud et humide de l’extérieur expose tous les matériaux de la maison à une forte pression de vapeur d’eau. En plus de certains jours pluvieux où il règne dehors une humidité proche de 100 p. cent, le niveau d’humidité extérieure peut très bien varier entre 60 et 90 p. cent pendant plusieurs mois en été. Comme la maison est aérée, il est très probable que l’humidité intérieure soit assez élevée. Étant donné les chaudes températures estivales, il ne se produira pas de condensation à l’intérieur de l’enveloppe du bâtiment, sauf peut-être sur les surfaces froides du sous-sol. Toutefois, une quantité considérable d’eau peut être stockée dans la construction.

En hiver, l’humidité intérieure diminue beaucoup parce que les fuites d’air et la ventilation évacuent la plus grande partie de la vapeur d’eau, laissant l’air à un degré d’humidité qui se situe généralement entre 30 et 40 p. cent; dans ces conditions, l’humidité cachée peut être libérée dans l’air intérieur.

Bois de charpente, contreplaqué, meubles

Figure 5 Teneur en eau d’équilibre du bois et du béton

Si l’humidité extérieure pendant l’été est de 75 p. cent, la teneur en eau des meubles en cellulose et en bois peut atteindre 11 p. cent (figure 5). Par contre, si l’humidité intérieure baisse à 30 p. cent en hiver, les matériaux et les meubles auront tendance à libérer l’eau emmagasinée pour atteindre une nouvelle teneur en eau d’équilibre (environ 6 p. cent). Ceci représente une diminution de poids de 5 p. cent et un dégagement de 105 litres d’eau pendant l’hiver. L’eau stockée est libérée à un débit d’environ 0,9 litre par jour, si on suppose une période d’évaporation d’environ quatre mois avant le retour du printemps et de l’été.

Le béton se comporte à peu près comme le bois, sauf que sa teneur en eau varie légèrement pour un changement donné d’humidité. Toutefois, il peut dégager plus de vapeur d’eau, étant donné que sa masse totale est de beaucoup supérieure à celle du bois de construction dans une petite maison typique.

Nous avons vu précédemment que la maison de deux étages comporte environ 26 m 3 de béton. La figure 5 montre une variation possible de poids d’environ 3 p. cent de l’été à l’hiver, mais même 1 p. cent suffirait à modifier sensiblement l’équilibre d’humidité de la maison. 26 m 3 de béton peuvent absorber jusqu’à 600 litres d’eau pendant l’été (variation en poids de 1 p. cent) et les libérer à nouveau en hiver à raison d’environ 5 litres par jour, ce qui n’est pas négligeable si on considère la quantité d’eau produite par les occupants.

En additionnant la vapeur d’eau produite par le bois, le plâtre, les meubles et le béton, on obtient un apport global de 3 à 8 litres d’eau par jour et ce, seulement pour le stockage saisonnier. Le débit dépendra, bien sûr, de nombreux facteurs; les plus importants sont les conditions de température et d’humidité d’été pour un emplacement géographique donné, ainsi que l’exposition du bois, des produits cellulosiques et du béton à l’intérieur de la maison.

Le stockage et le dégagement d’eau saisonniers ne sont pas des phénomènes tout à fait linéaires. En fait, une partie importante de l’eau accumulée est libérée rapidement au début de l’automne, au moment où la température extérieure et l’humidité intérieure diminuent très vite. C’est la cause habituelle des problèmes de condensation à cette époque de l’année.

Equilibre de l’humitité

Le sous-sol d’une maison peut être comparé à une éponge chaude posée sur un sol humide. Les problèmes graves d’infiltration d’eau se produisent souvent à cet endroit. L’eau y pénètre par diffusion et par capillarité, s’infiltre avec l’air entre les blocs des murs, par les fissures et les joints des murs et de la dalle de béton; le sous-sol peut aussi être inondé ou mal drainé.

Même après de nombreuses années, les murs de béton continuent à rendre leur humidité par diffusion, c’est-à-dire que la vapeur d’eau se déplace dans le béton du côté humide vers un endroit plus sec. Dans le cadre d’une recherche qui se poursuit, la DRB a observé quelques maisons; il semble que 2 à 3 litres d’eau soient diffusés quotidiennement vers l’intérieur au travers des murs et du plancher du sous-sol d’une maison de dimensions moyennes. L’ampleur du phénomène dépend de l’époque de l’année, du degré d’humidité autour de la paroi de béton, ainsi que de la hauteur de la nappe phréatique sous le plancher du sous-sol.

Lorsqu’une dalle de béton repose en partie sur l’eau, l’eau peut monter par capillarité dans la dalle, parfois jusqu’à entre 3 et 5 millimètres de la surface du plancher. De là, l’eau se vaporise et se diffuse facilement vers l’intérieur du sous-sol.

Lors d’une récente inspection pour découvrir les causes de l’humidité excessive qui avait envahi une maison de plain-pied toute neuve, on a trouvé que le support de revêtement de sol en contreplaqué posé sur la dalle de sous-sol était presque saturé d’eau, un an seulement après la construction. Le contreplaqué s’était transformé en une grande surface d’évaporation; une humidité relative de 50 à 60 p. cent avait été enregistrée dans la maison au cours des mois de février et de mars, et il se formait beaucoup de condensation sur les fenêtres. On a finalement découvert que le drain de pourtour était obstrué au niveau du puisard de la pompe. Dès que le puisard a été dégagé, l’eau accumulée sous la dalle s’y est engouffrée à un débit d’environ 0,4 litre par seconde pendant près de six heures. Une vérification ultérieure (un an plus tard) a montré que le problème était réglé.

Les blocs de béton sont particulièrement bons conducteurs d’humidité parce qu’ils sont creux et que leurs pores sont gros. Lorsque les murs en blocs de béton d’un sous-sol de dimensions moyennes sont visiblement humides jusqu’à une hauteur d’un mètre ou moins sur tout le pourtour, entre 8 et 10 litres d’eau par jour peuvent s’évaporer de ces parois si l’humidité intérieure est maintenue à 40 p. cent ou moins. Si des flaques d’eau sont visibles sur le plancher à proximité des murs, le débit augmente considérablement.

Les vides sanitaires constituent une autre source importante d’humidité. Si le sol du vide sanitaire est apparent, il peut fournir entre 40 et 50 litres d’eau par jour. Si l’air du vide sanitaire s’infiltre dans la maison, il risque d’entraîner des condensations graves sur de nombreuses surfaces et, en particulier, gagner les combles et les vides sous toit. Il importe de couvrir le sol des vides sanitaires d’un bon pare-vapeur tel qu’une feuille de plastique, un matériau de couverture en rouleaux ou, de préférence, une chape de béton.

Dans le cas regrettable d’un sous-sol inondé, il faut préciser qu’une surface de 60 m 2 d’eau à une température inférieure de 5 à 10 ° C à la température de l’air ambiant produit 6 litres d’eau par heure, en supposant que l’air au-dessus soit évacué assez rapidement pour maintenir une humidité relative de 40 p. cent. Le débit de ventilation nécessaire est d’environ cinq renouvellements d’air par heure dans des conditions hivernales typiques. Malheureusement, dans ces cas le taux d’évaporation est compensé par un niveau d’humidité supérieur dans la maison, et il s’ensuit généralement des problèmes de condensation graves et des dégâts de toutes sortes.

Les infiltrations d’air aux joints mur-plancher de sous-sol, par des fissures ou autour des drains, constituent un problème moins évident, mais non négligeable. Cet air peut contenir beaucoup de vapeur d’eau. L’apport d’humidité atteindra un maximum au plus froid de l’hiver.

Cette découverte a été faite au cours d’une étude sur les émissions de radon dans les sous-sols. Sous une faible différence de pression de 10 pascals, on a constaté que l’air s’infiltrait dans le sous-sol, y transportant la vapeur d’eau en même temps que le radon. En hiver, quand l’effet de tirage se fait sentir, le sous-sol est mis en légère dépression par rapport à l’extérieur. L’air extérieur peut s’infiltrer par le sol ou sur le pourtour de la fondation par les soupiraux, descendre des gouttières aux tuyaux de drainage et s’introduire dans le drain agricole de pourtour, s’humidifier, et enfin pénétrer dans le sous-sol à l’état froid et saturé. Si ce phénomène est généralisé, il se peut que de l’air froid et saturé pénètre dans les maisons tout l’hiver.

Infiltration de la pluie

L’infiltration de la pluie est un problème qui ne date pas d’hier. Son effet reste pourtant mystérieux, puisqu’il n’a pas encore été établi que l’humidité dans les murs soit uniquement le fait de la condensation de l’air humide exfiltré de la maison; l’infiltration de la pluie y est peut-être pour quelque chose.

Si l’eau de pluie fait son chemin à l’intérieur d’une pièce, c’est le signe que le problème est déjà très avancé. La plupart des murs sont conçus de manière que les vides internes soient évacués à l’extérieur par les solins. La pluie qui s’infiltre sous le revêtement extérieur devrait donc être rejetée à l’extérieur. Mais est-ce bien le cas? Après une longue averse, des plaques d’humidité peuvent demeurer et tremper de nombreuses parties de l’enveloppe.

Figure 6

Selon la direction du vent dominant et la température extérieure, l’eau dans les murs trempés par la pluie peut saturer l’air qui s’y infiltre; ceci se produit généralement près du joint du mur de fondation (figure 6), même parfois en l’absence de vent. Un effet de tirage, si faible soit-il, produit une infiltration d’air en partie basse du bâtiment; l’air froid non saturé se sature alors et introduit dans la maison une quantité petite mais parfois importante de vapeur d’eau.

Figure 7

Lors d’une expérience effectuée tout récemment afin de vérifier la valeur de la vapeur d’eau comme gaz traçant pour déterminer le taux de renouvellement d’air 5 un ventilateur a été utilisé pour mettre en pression un petit bâtiment (figure 7a). Il a été réglé à un débit d’environ 60 L/s. Les humidificateurs prévus, pour maintenir l’humidité à 40 p. cent ont injecté 1,2 kilogramme d’eau par heure. Toutefois, lorsque le sens de marche du ventilateur a été inversé, mettant le bâtiment en dépression (figure 7b), les humidificateurs n’ont pas fonctionné. Le taux d’humidité est tout de même resté constant à environ 40 p. cent tout au long de la période d’essai de six heures.

La seule explication plausible de ce phénomène est que, malgré l’introduction d’air extérieur dans la maison, une quantité de vapeur d’eau équivalente à 1,2 kilogrammes par heure a été fournie par la construction, par exemple les murs humides et peut-être le sous-sol.

Écran pare-pluie

Des études récentes sur le comportement de l’écran pare-pluie ont démontré que très peu de constructions murales forment un écran vraiment efficace contre la pluie. L’écran pare-pluie doit être envisagé comme un système et non consister en un simple revêtement ventilé. Le vide derrière le revêtement extérieur joue un rôle très important dans le comportement de l’écran. Pour que la pression soit égale des deux côtés de celui-ci, la pression du vide doit augmenter ou diminuer en même temps que celle du vent à la surface du bâtiment. Pour que la pression reste la même des deux côtés du revêtement, il faut que les matériaux et les parois qui délimitent le vide soient étanches à l’air et le plus rigides possible, de façon que le volume du vide soit aussi stable que possible. Il faut aussi que le vide à l’arrière du revêtement soit convenablement compartimenté tout autour du bâtiment.

Figure 8

Si le vide sous le revêtement extérieur d’un mur muni d’un écran pare-pluie est continu sur tout le pourtour du bâtiment (figure 8a), même si la paroi interne est étanche à l’air et quels que soient le nombre et les dimensions des ouvertures de ventilation dans le revêtement, le mur risque de se mouiller considérablement, et une quantité d’eau importante peut s’accumuler dans le vide. Ce phénomène est dû aux dépressions d’air produites par le vent sur deux ou trois façades du bâtiment qui créent une dépression dans le vide. Il s’exerce alors une forte pression sur le revêtement du côté au vent, ce qui force la pluie à s’infiltrer dans le vide derrière. Si la paroi interne est étanche à l’air, l’eau s’infiltre entre les parois et se dépose dans l’espace intermédiaire, tandis que l’air peut circuler et être évacué par les ouvertures de ventilation du côté sous le vent. Toutefois, si l’air réussit à s’infiltrer au travers du mur intérieur, il peut transporter de l’eau directement dans la maison. On ne saurait trop insister sur la nécessité de l’étanchéité à l’air presque parfaite du mur, mais la compartimentation est également un élément essentiel du principe de l’écran pare-pluie (figure 8b).

Il sera peut-être impossible d’éliminer complètement l’infiltration de la pluie à travers le revêtement extérieur, mais si plus d’attention était donnée à la conception des solins et surtout à l’étanchéité à l’air, l’infiltration serait réduite.

Résumé

L’humidité est introduite dans une maison par les occupants et leurs activités, mais il existe d’autres sources moins évidentes telles que l’humidité des matériaux, le cycle du stockage saisonnier, les sous-sols et les vides sanitaires et les murs mouillés par la pluie.

Si l’humidité et la condensation excessives dans une maison résultent de l’apport global d’eau, il faut d’abord tâcher d’éliminer les sources qui ne relèvent pas des occupants avant de décider que la ventilation est la seule façon de limiter ou de régulariser l’humidité intérieure pendant l’hiver.

Figure 9

Enfin, voici une indication de l’apport probable d’eau d’une maison type neuve pour la première et la deuxième année d’occupation et les années suivantes (figure 9). Au cours de la première année, la production moyenne d’eau par les occupants et les autres sources peut atteindre 20 litres ou plus par jour en hiver. A mesure que les matériaux de construction sèchent, cette production peut baisser à 15 litres par jour au cours de la deuxième année et se stabiliser à environ 10 litres par jour au cours de la troisième année.

Ainsi, nous avons vu qu’entre le tiers et la moitié de l’eau fournie provient de sources autres que les occupants et leurs activités. Il n’est pas pratique, sauf dans des cas exceptionnels, de demander aux occupants de changer leurs habitudes de vie, mais il faut par contre s’attaquer aux nombreuses autres sources si on désire réduire l’humidité dans les maisons neuves et rénovées.

Références

  1. R.L. Quirouette, Conception et construction du projet de recherche sur l’économie d’énergie Mark XI, Division des recherches en bâtiment, Conseil national de recherches Canada, Note d’information de recherche sur le bâtiment no 131F, Ottawa, janvier 1980.
  2. Humidifiers, In ASHRAE Handbook, 1983 Equipment. American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers, Inc. ISSN 0737-0687, Atlanta. 1983.
  3. Moisture Induced Problems in NHA Housing, 3 Parts. Canada Mortgage and Housing Corporation. Report prepared by Marshall Macklin Monaghan Limited, Cat. No. NH20-1/2-1983-1E, ISBN 0-662-12662-9, Ottawa, June 1983.
  4. S.C. Hite and J.L. Bray, Research in Home Humidity Control. Research Series No. 106, The Engineering Experiment Station, Purdue University, Urbana, November 1948.
  5. R.L. Quirouette, Water Vapour as a Tracer Gas for Measuring Air Change In Houses. Division of Building Research, National Research Council Canada, DBR Paper No. 1085, NRCC 21002, Ottawa, 1983.